Coup de chaud sur les taux de crédit immobilier
Jusque-là légère, la remontée des taux de crédit s’accélère et menace de plus en plus de ménages d’exclusion de l’accès à la propriété.
En immobilier, l’argent facile, c’est bel et bien fini! Les prix continuent de grimper, sauf à Paris, et les taux de crédit remontent. Les Français en ont conscience: 77% ont constaté l’augmentation des taux, selon un récent sondage OpinionWay pour Artemis Courtage. Mais, après une légère remontée au début de l’année, la progression semble s’accélérer.
Les courtiers rivalisent de tweets (voir ci-dessous) pour imprimer cette nouvelle tendance dans la tête des ménages. Et la nouveauté, c’est que tous les profils sont concernés. «Une banque nationale nous annonce une hausse de 0,3% pour les excellents profils et +0,45% pour les profils moyens et bons», affirme Maël Bernier, de Meilleurtaux. Comptez plusieurs dizaines d’euros en plus à rembourser chaque mois à votre banque. De quoi plomber le pouvoir d’achat des Français déjà rincés par la hausse des prix de l’électricité et du carburant et qui subiront, pour ceux qui deviendront - ou sont déjà - propriétaires, une nouvelle envolée de la taxe foncière.
Ne comptez plus, sauf cas ultra-exceptionnels, emprunter à moins de 1% même sur 20 ans! Et sur 25 ans, qui représentent plus de 60% (!) des demandes de crédit, selon l’Observatoire Crédit Logement/CSA, c’est la douche froide! «La plupart des banques remontent progressivement leurs taux, entre 0,1% et 0,3% mais la dynamique de hausse est enclenchée. Les trois prochains risquent d’être très compliqués », explique Sandrine Allonier, de Vousfinancer. À cause de la guerre en Ukraine, le taux auquel l’État s’endette qui détermine, entre autres, les taux de crédit immobilier, s’envole.
Dans ce contexte, les banques sont coincées entre le marteau et l’enclume. Pour ne pas rogner sur leurs marges, elles sont obligées de durcir leurs conditions d’octroi de crédit. Au risque de casser la dynamique de la production qui reste très forte en ce début d’année, si l’on en croit les derniers chiffres publiés par la Banque de France. La fameuse barre des 2% de taux de crédit moyen (toutes durées confondues), qui n’a pas été atteinte depuis 6 ans (voir ci-dessus), pourrait même être dépassée. «Une banque nationale, qui n’avait pas augmenté ses taux ces derniers mois, affiche des taux compris entre 1,65% et 2,3% sur 20 ans selon les revenus (contre 1,05% à 1,55% en janvier) et sur 25 ans, entre 1,75% et 2,4% (contre 1,15% à 1,65%)» confie Sandrine Allonier. Ce sont les couples qui gagnent moins de 45.000 euros nets par an à deux (3750 euros par mois et donc 1875 euros ) qui sont les moins bien lotis. Soit plus de 50% de la population active.
Pour l’heure, cette augmentation brutale ne concerne qu’une banque. Ces taux, affichés et donc négociables, à plus de 2% ne sont pas légion. Surtout, actuellement, une banque ne peut pas proposer à un emprunteur un taux à 2,4%, qui s’entend hors assurance et hors frais. Car le taux maximal tous coûts confondus auquel elle peut accorder un crédit est de... 2,4%, le taux d’usure actuel. Donc à moins que l’assurance et les frais de dossier soient gratuits, ce taux est illégal. Mais si la situation en Ukraine continue de se tendre, les taux de crédit devraient grimper encore et ce taux d’usure, actuellement en baisse et calculé sur le taux moyen du dernier trimestre, devrait mécaniquement monter. Ce qui risque d’exclure de plus en plus de ménages du marché immobilier.